« Jaurès, athlète de l'idée, tomba sur l'arène en combattant le plus terrible fléau de l'humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l'homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte. » Léon TROTSKI (1917)
Pas de manifestations particulières, cette année, pour fêter le 150ème anniversaire de la naissance de Jaurès, homme politique d'envergure, qui a marqué la période, charnière et meurtrière, entre XIXe et XXe siècle. Et pourtant, certains, aujourd'hui, ne se privent pas de le citer, même si leurs opinions politiques et sociales, sont éloignées des siennes.
Il s'engage en politique en 1885, devenant député du Tarn à 25 ans. A l'Assemblée Nationale, il prend la parole...et quelles paroles : ("vous avez interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine et la misère humaine s'est réveillée avec des cris, elle s'est dressée devant vous et elle réclame aujourd'hui sa place, sa large place au soleil du monde naturel, le seul que vous n'ayez point pâli")...("par le suffrage universel, par la souveraineté nationale, vous avez fait de tous les citoyens une assemblée de rois...mais au moment même où le salarié est souverain dans l'ordre politique, il est dans l'ordre économique réduit au servage".
Entre 1888 et 1890, il écrit des articles pour La dépêche de Toulouse ("à mesure que les entreprise industrielles et commerciales, mises en action, sont devenues des entreprises financières, le jeu de la spéculation s'est étendu non seulement à ces actions mêmes, mais aux produits, aux marchandises...les gros capitalistes se sont dits : puisque tout n'est plus qu'un jeu il faut jouer à coup sûr...la féodalité capitaliste qui a fait tant de mal à la nation n'est plus utile à beaucoup") Notez que le père, Jules Jaurès, est négociant ! ("Le travail devrait être une fonction et une joie; il n'est bien souvent qu'une servitude et une souffrance. Il devrait être le combat de tous les hommes unis contre les choses, contre la fatalités de la nature et les misères de la vie; il est le combat des hommes entre eux, se disputant les jouissances par la ruse, l'âpreté du gain, l'oppression des faibles et toutes la violence de la concurrence illimitée.")
Jaurès est mort à l'aube de la grande guerre, ses idées dérangeaient et notamment son pacifisme. Il en est mort assassiné trois jours avant le déclenchement des hostilités par Raoul Villain.
"Toujours cette société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l'état d'apparent repos, porte en elle la guerre comme la nuée porte l'orage"
"Tant que dans chaque nation, une classe restreinte d'hommes possédera les grands moyens de production et d'échange, tant qu'elle possédera ainsi et gouvernera les autres hommes, tant que cette classe pourra imposer aux sociétés qu'elle domine sa propre loi, qui est la concurrence illimitée, la lutte incessante pour la vie, le combat quotidien pour la fortune et le pouvoir; tant que cette classe privilégiée, pour se préserver contre tous les sursauts possibles de la masse s'appuiera ou sur les grandes dynasties militaires ou sur certaines armées de métier des républiques oligarchiques (...), tant que cela sera, toujours, cette guerre politique, économique et sociale des classes entres elles, des individus entre eux, suscitera dans chaque nation les guerres armées entre les peuples. C'est de la division profonde des classes et des intérêts dans chaque pays que sortent les conflits entre les nations " (...)
Sources : Régis Vlachos dans Zibeline
Citations extraites de Jaurès Rallumer tous les soleils de Jean-Pierre RIOUX (Ed. Omnibus)